UNE COLLECTION
PARTICULIÈRE
Bienvenue dans le cabinet de curiosités
érotiques de Walerian Borowczyk.
Une épopée aussi licencieuse qu’ingénieuse dans une collection...
très particulière.
RETROSPECTIVE
Walerian Borowczyk
Né en Pologne en 1923, il étudie la peinture et la sculpture à l’Académie des Beaux-Arts de Cracovie, puis travaille comme lithographe et créateur d’affiches de cinéma. En 1959, il s’établit à Paris où il vivra le reste de sa vie et obtiendra la naturalisation française. Créateur infatigable, cinéaste, sculpteur, fabricant d’objets, peintre, écrivain, il est auteur-réalisateur de plus de cinquante films à la patte unique, dont plus d’une douzaine de longs métrages et de nombreux films d’animation. Il se décrit comme “Artisan du cinéma”, travaillant personnellement à tous les postes, du tournage au montage, des décors aux costumes, du casting à la conception des affiches. Au milieu des années 1970, profitant de la fin de la censure en France, il utilise l’érotisme comme élément récurrent de ses films, qui traitent souvent des instincts humains, de l’amour, du rapport à l’ordre établi, du libre-arbitre, en laissant la part belle aux points de vue des femmes.
Reconnu par ses pairs comme un génie du surréalisme (André Breton dit de lui: “L’imagination fulgurante”), récompensé de nombreux prix, il ne s’est jamais lui-même inscrit dans un courant plutôt qu’un autre, et est toujours resté un “outsider” indépendant. Il s’éteint en 2006 en laissant une oeuvre immense et variée, qui a inspiré de nombreux artistes tels que Terry Gilliam, les frères Quay ou Chris Marker.


CONTES IMMORAUX
France 1974 103 min. Couleur Réal. & Scénario: Walerian Borowczyk Photographie: Guy Durban, Bernard Daillencourt, Noël Véry, Michel Zolat Montage: Walerian Borowczyk Musique: Maurice Leroux, musiques folkloriques Avec: Fabrice Luchini, Lisa Danvers, Charlotte Alexandra, Paloma Picasso, Florence Bellamy Producteur: Anatole Dauman / Argos Films Prix: “L’Age d’or”, Bruxelles 1974 (avec Max Ernst dans le jury)
Un jeune homme atteint l’orgasme dans la bouche de sa jeune cousine exactement au moment du plus haut de la marée, par la force de son esprit. Une jeune femme pieuse de l’ère pré-romantique est punie et enfermée dans une bibliothèque, où elle atteint l’amour divin par la masturbation à l’aide de concombres et d’images libertines. Une comtesse hongroise reste éternellement jeune grâce à des bains dans le sang de vierges. Le pape Borgia, son fils et sa fille copulent à trois au sein même du Vatican dans le stupre et le mépris. Quatre épisodes remontant le fil du temps, quatre tabous, sont reliés par cette maxime de La Rochefoucauld:
“L’amour, tout agréable qu’il est, plaît encore plus par les manières dont il se montre que par luimême.”
Enorme succès au moment de sa sortie en France, le film a connu des problèmes de censure dans de nombreux pays. On y découvrira un très jeune Luchini, et Paloma Picasso dans son seul rôle au cinéma.

DOCTEUR JEKYLL ET LES FEMMES
France 1981 92 min. Couleur Réal. et scénario: Walerian Borowczyk Adaptation libre de “L’étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde” de Robert Louis Stevenson Photographie: Noël Véry Musique: Bernard Parmeggiani Avec: Udo Kier, Marina Pierro, Patrick Magee Producteurs: Ralph Baum, Robert Kuperberg, Jean- Pierre Labrande
L’action se passe en une seule nuit, à Londres à l’époque Victorienne, dans la demeure luxueuse du docteur Jekyll et de sa femme, qui ont convié d’honorables amis et leurs épouses à un souper. Henry Jekyll (Udo Kier) se transforme en Mr Hyde en prenant secrètement des bains d’une substance mystérieuse. Les invités sont assassinés sauvagement un-à-un, et la panique les guette. La cocotte-minute des institutions explose sous la pression des instincts comprimés. Borowczyk a pris au premier degré la rumeur comme quoi la première version du roman de Stevenson a été brûlée par sa femme très prude qui n’en avait pas supporté le contenu. Un hommage très personnel à cette version disparue est rendu avec ce chef-d’oeuvre surréaliste mêlant farce d’épouvante, luxure délirante, violence et romantisme.

CEREMONIE D’AMOUR
France 1987 100min. Couleur Réal. : Walerian Borowczyk Scénario: Walerian Borowczyk et André Pierre de Mandiargues Photographie: Gérard Monceau, Jean-Paul Sergent, Michel Zolat Musique: Jean-Paul Imbert Avec: Marina Pierro, Mathieu Carrière, Josy Bernard
Hugo Mathieu Carrière est un dandy désabusé. Dans le métro parisien, il rencontre une brune énigmatique (Marina Pierro) qu’il suit et aborde. Il découvre à son ravissement qu’elle n’est pas seulement comédienne, mais aussi courtisane à ses heures perdues. Mais elle veut bien plus que le vil commerce qui attire Hugo: elle veut son âme. Bien que moins graphique et plus intellectuelle que les oeuvres plus connues de Borowczyk, cette langoureuse cérémonie inverse les rôles de l’amour avec une perverse minutie.

LA BETE
France 1975, 94 min. Couleur. Réal. & Scénario: Walerian Borowczyk Photographie: Bernard Daillencourt, Marcel Grignon Montage: Walerian Borowczyk Musique: Domenico Scarlatti Avec: Lisbeth Hummel, Elisabeth Kaza, Sirpa Lane, Marcel Dalio, Pierre Benedetti, Guy Tréjan Producteur: Anatole Dauman / Argos Films
Un aristocrate français décadent (Guy Tréjan) veut sauver son nom et renflouer ses finances en tentant de marier son fils idiot à une sublime fiancée riche et américaine (Lisbeth Hummel). Mais les rêves érotiques et bestiaux de la jeune femme vont ébranler ces plans en révélant un terrible secret de famille. A l’origine, “La Bête” devait être un des “Contes Immoraux” (entre “Thérèse philosophe” et “Erzsébet Bathory”), dans sa seule partie du rêve. Borowczyk a ensuite inséré la séquence dans ce long-métrage très bunuelien.
Inspiré des légendes de la Bête du Gévaudan, le film évoque aussi Lokis de Prosper Mérimée, ou l’Homme aux loups de Freud… Une comédie noire dans laquelle Borowczyk défie les lois du bon goût et toutes les
conventions de “l’establishment”, offrant aux femmes une sexualité débridée, qui les libère du carcan des traditions patriarcales. Le clavecin de Scarlatti résonne ici d’un air de malice et d’impertinence.

UNE COLLECTION PARTICULIERE
France, 1973, 12 min. Couleur Réal. Montage, Photographie & Scénario: Walerian Borowczyk Avec: André-Pieyre de Mandiargues Producteurs: Anatole Dauman et Peter Schamoni / Argos Films - Peter Schamoni Filmproduktion
“Une collection particulière” est un documentaire un peu particulier sur la collection privée de Borowczyk d’objets érotiques à travers différentes époques. C’est aussi une description et une réflexion sur les moeurs
sexuelles occidentales à travers ses représentations. Avec le commentaire de Mandiargues (et ses mains qui actionnent des objets), Borowczyk s’amuse à filmer en séquence différentes oeuvres d’art visuels: des objets
sculptés, des machines licencieuses, des peintures clandestines, des images de la Belle époque, une lanterne vraiment magique… Cette collection exceptionnelle d’oeuvres coquines et vintage prend vie sous l’oeil du cinéaste qui partage ici deux de ses passions: l’érotisme et les beaux objets artisanaux.

INTERIEUR D’UN COUVENT
Italie 1978 (Titre original: “Interno di un convento”) 95 min. Couleur Réal. et Scénario: Walerian Borowczyk Photographie: Luciano Tovoli Musique: Sergio Montori Avec: Ligia Branice, Howard Ross, Marina Pierro Producteur: Giuseppe Vezzani
Inspiré d’un passage des “Promenades dans Rome” de Stendhal, cette première production italienne de Borowczyk décrit les divertissements délurés de nonnes réprimées sexuellement dans un couvent. Frivole au premier abord, ce film est néanmoins une exploration sérieuse de la relation d’inter-domination entre la
chair et l’esprit. Ce film a conduit Alberto Moravia à comparer Borowczyk à Boccaccio, mais un Boccaccio ouvertement érotique et soutenu par une caméra à l’épaule surprenante. La femme et égérie du réalisateur, Ligia Branice, y signe sa dernière apparition au cinéma.